Facebook, ou l’avènement d’un « web social par défaut »

Publié le par iheb

Début avril, on évoquait ici le projet de Facebook de proposer à ses 400 millions d’utilisateurs un partage accru de leurs données personnelles à des sites tiers, avec pour objectif une « expérience sociale utile » du Net.

L’idée, encore un peu floue il y a quelques semaines et qui a provoqué plusieurs polémiques notamment outre-Rhin, a été explicitée par Mark Zuckerberg la semaine dernière à la conférence f8. Dans ce raout dédié aux développeurs du réseau social, Zuckerberg a martelé les expressions « expérience personnalisée » et « personnalisation instantannée ». Son grand projet : faire de Facebook une sorte de glu du Net rattachant entre elles les intéractions d’un membre de Facebook sur certains sites via le protocole Open Graph. Le tout permettrait de constituer une pseudo-cartographie des visites de l’internaute et de ses amis, d’où l’aspect « personnalisé ». Ce n’est pas encore très clair ? Zuckerberg avait quelques exemples dans sa besace.

 

 

 

Démo de l’Open Graph avec le site de recommandation Yelp - DR

Pandora, plateforme de musique en ligne façon Deezer uniquement accessible aux Etats-Unis, est l’un des trois partenaires de Facebook pré-sélectionnés pour tester les vertus de l’Open Graph. Typiquement, un internaute américain connecté sur Facebook se rendant sur Pandora (même pour la première fois de sa vie) se verra proposer la lecture d’artistes qu’il a « aimé sur le net » (en devenant fan d’un groupe sur le réseau social, par exemple, ou en les insérant dans les préférences musicales de son profil). Plus giga-cool encore, il pourra même consulter les goûts d’inconnus complets qui n’ont pour seul point commun avec lui que le fait d’avoir écouté le dernier single de M.I.A., par exemple.

Comme l’écrit la très remontée Electronic Frontier Foundation (EFF), il est loin le temps où la politique de Facebook annonçait : « aucune information personnelle proposée à Facebook ne sera disponible pour un utilisateur quelconque d’un site web non inclus dans au moins un des groupes mentionnés dans vos paramètres de confidentialité » Cette affirmation n’est désormais vraie que pour les utilisateurs mineurs... Précisons toutefois que la désactivation d’Open Graph est totalement possible, et rapidement faisable via les paramètres de votre compte, marche à suivre indiquée par ici.

Parmi les observateurs éternellement satisfaits, le boss de Techcrunch, Michael Arrington, dont on connaît les vues sur la vie privée, prétend que tout débat entre technophiles ne changerait rien (ah bon ?), et que « Facebook prend le contrôle de notre identité et nous l’acceptons joyeusement ». Un son de cloche totalement différent sonne du côté de Dave Winer, universitaire reconnu pour ses contributions nombreuses (RSS, podcast, CMS), qui écrit : « Facebook se veut le nouveau système d’identification sur Internet. Une entreprise privée ? Ça ne peut juste pas marcher, je n’arrive pas à croire qu’il l’ignore. Même Bill Gates n’a jamais eu le culot de proposer ça ! ». C’est pourtant ce à quoi Zuckerberg aspire, quand il répète que l’heure est « au web social par défaut ».

 

 

CNN bien pluggé - DR

Parmi les autres nouveautés annoncées à la conférence f8, le service de Social plugins, qui, d’après l’interface concernée, « vous permettent de fournir des expériences sociales intéressantes à vos utilisateurs avec une simple ligne de code HTML ; les plugings étant hébergés par Facebook, ils sont personnalisés pour tous vos utilisateurs connectés à Facebook, même s’ils ne sont pas inscrits à votre site ». Le service peut être utilisés à différents niveaux par le sites. Ceux qui permettaient déjà à leurs visiteurs de laisser des commentaires en utilisant Facebook Connect pourront donc continuer à le faire, et de manière beaucoup plus simple en terme de programmation. Procédure simplifiée ou pas, nos chers lecteurs d’Ecrans.fr restent invités à se créer un compte à l’ancienne pour commenter dans les forums ou réagir à des articles sur le site, qui expérimente par ailleurs depuis aujourd’hui la fonction « j’aime », visible en bas des publications. Parce qu’aimer, c’est partager, dans le vocable Facebook, la mise en ligne sur votre profil d’un lien vers Ecrans.fr est désormais faisable en 1 seconde, sans passer par une page Facebook intermédiaire. Un ajout réalisé dans le cadre de cet article qui n’a rien de permanent. Dans un « guide complet pour les éditeurs, annonceurs, utilisateurs et la concurrence », Read Write Web revient en détail sur chacune des options proposées par les Social Plugins.

Près d’une semaine après l’annonce de ces nouveautés, qui ont suscité autant d’enthousiasme que de craintes selon « l’agenda » (au sens anglo-saxon d’objectif, d’attente) des utilisateurs, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives de ces services, de toute manière appelés à évoluer si Facebook poursuit sa volonté d’écoute du feedback d’utilisateurs. En guise de conclusion, on ne peut s’empêcher d’évoquer la sympathique modestie de Zuckerberg, qui achevait sur fond du Human after All des Daft Punk sa prestation au f8 en déclarant : « selon la croyance populaire, quand on va au paradis, on y retrouve tous ses amis, et tout ressemble à ce que l’on espérait. Ensemble, faisons un monde aussi bien que ça. » Amen.

Publié dans high-tech

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